ans les caves du Languedoc, les échantillonnages des premiers vins blancs 2024 ont démarré, dans un contexte où la récolte s’annonce faible. « Plus les vendanges avancent, plus les estimations de volumes diminuent », situe Fabien Castelbou, vice-président de la cave coopérative héraultaise des Vignerons de Montagnac-La Domitienne. Le directeur d’une autre coopérative de l’ouest héraultais qui avait réalisé une petite production de 180 000 hl l’an dernier sait déjà qu’à nouveau, il ne les dépassera pas en 2024. Du côté des metteurs en marché, on préfère néanmoins attendre l’heure des bilans de récolte officiels, « on n’est pas certain que les baisses annoncées par les caves reflètent une baisse aussi importante que ceux que veulent faire entendre certains », glisse un acheteur de vracs.
Dans les caves, une chose est sûre en tous cas, les prix vont devoir remonter pour faire sortir les vins. Le cours d’un cépage normalement assez bien valorisé comme le chardonnay IGP Oc tutoyait plus les 80 €/hl que les 100 €/hl sur la fin de campagne du millésime 2023, « avec des affaires qui ont pu se concrétiser autour de 85-90 €/hl », commente un directeur de grande cave coopérative héraultaise. « On ne vend pas au prix auquel on devrait pour assurer la rentabilité », ajoute un autre un peu plus au sud. Certains ont néanmoins enregistré un regain de dynamique sur les stocks restants de blancs de 2023, comme le confirme le courtier Ciatti Europe, « avec des niveaux de prix de chardonnay 2023 pouvant revenir vers 95€/hl dans les dernières transactions », valide son directeur Florian Ceschi.
« Pour l’instant rien ne bouge encore vraiment sur les 2024, mais cette campagne devrait démarrer sur des bases de prix plus élevées que la fin de campagne précédente, soit à peu près ceux du début de cette dernière campagne », appuie le président du syndicat des courtiers du Languedoc Louis Servat. Un acheteur du négoce rappelle que les degrés et maturités sont à la peine cette année, et « qu’il faudra bien travailler pour remplir les bouches de profils un peu maigres ». Il adhère néanmoins sur le fait que les prix vont redémarrer sur des bases plus hautes sur les IGP Oc blancs, comme en début de campagne précédente, « certainement autour de 110-115 €/hl en chardonnay, 100 €/hl en sauvignon », augure-t-il.
Le marché des vins rosés semble quant à lui voué à maintenir une stabilité dans sa valorisation ou dans ses volumes, sous réserve de connaître les arbitrages des caves dans leur répartition de production vers les rouges ou les rosés. D’autant que les stocks semblent limités et que l’été a permis de faire du clair dans les rosés restant encore dans les chais.
Pour l’heure, courtiers, acheteurs ou responsables de caves s’accordent sur la tendance d’à-coups et de flux tendu qui a caractérisé la campagne passée, et déjà celle qui démarre : « un lot de vrac est acheté et retiré dans la foulée, les metteurs en marché ne bougeant que lorsqu’ils ont déjà vendu en aval », synthétise Louis Servat, président du syndicat des courtiers du Languedoc. Même les plus importants opérateurs du Languedoc ont adopté cette stratégie d’achat en plusieurs fois, pour ne pas s’engager dans des volumes qu’ils seraient incapables de faire sortir.


Les nouvelles venant de Gascogne ou des Charentes, régions annonçant des baisses de récoltes, ne laissent pas augurer de volumes de vins blancs très importants dans ces bassins. Un regain d’intérêt vers les derniers lots de vins blancs 2023 encore disponibles a pu être observé par le courtier Ciatti Europe, « pour faire la jonction des millésimes et commencer à assurer leurs approvisionnements », analyse un autre directeur de coopérative du littoral languedocien. Plus que la faible récolte, ce sont les difficultés de maturité qui sont scrutées de près par les opérateurs, notamment sur les cépages tardifs. « Je le répète chaque année, mais ce ne sont pas les profils mûrs qui posent problème », rappelle Louis Servat. « Vu les difficultés sur vins rouges, ça vaudra le coup de se sécuriser sur les profils bien mûrs et bien colorés, qu’attend le marché, car il est possible qu’il n’y en ait pas autant que ce dont on a besoin sur ces profils spécifiques », pointe un négociant-vinificateur. Difficile d’aborder la question des prix des vins rouges, alors que des déclassements en vins de table ont permis de faire du clair dans les caves pendant l’été. « Mais ça ne se reproduira pas car, contrairement à 2023, l’Espagne revient avec une récolte assez importante », prévient Florian Ceschi.
D’ici début octobre, les habituelles rencontres de début de campagne entre représentants professionnels des caves régionales et metteurs en marché auront eu lieu, permettant peut-être de lancer une campagne pour laquelle le syndicat des Vignerons coopérateurs d’Occitanie a récemment appelé publiquement le négoce à « des relations commerciales gagnant-gagnant et un avenir commun durable ».
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