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La crise du vin vaudois, alliée à la perte du débouché gastronomique, est dure à gérer. Des caves ont imaginé des cuvées plus festives et jeunes.
Combien de vignerons ont râlé en fréquentant les rayons de supermarché où certains vins étrangers abusent de l’emballage pour vendre des vins de marque sous un marketing rigolo ou deuxième degré? Avec la crise et le Covid, certains ont pourtant utilisé les mêmes outils pour placer une partie de leur excellente production.
Eric Meylan, ÃLa Grande Vigne de Mont-sur-Rolle, a toujours placé une partie de sa vendange sur le marché du vrac. «En 2018, le courtier qui achetait auparavant ne m’a pris que la moitié, puis le quart en 2019, avant de m’annoncer en 2020 qu’il renonçait.» Celui qui cultive aussi une partie du Château de Mont et est associé avec son cousin Cédric Albiez se retrouvait avec un lot de chasselas bio à écouler. Avec l’aide d’un ami graphiste, il a imaginé le Flacon’vivial, un carton de six bouteilles différentes aux étiquettes humoristiques (lire encadré). Après un départ en fanfare sur QoQa fin décembre, il a remis ça. «Cela m’amène une autre clientèle, plus jeune, plus impulsive. Surtout, on décoince le traditionnel étiquetage du chasselas, la maison vigneronne dorée sur fond de vigne. Il faudra maintenant fidéliser ces nouveaux clients, plus urbains, qui ont tout de suite posté des photos des bouteilles sur les réseaux sociaux.»
Le Flacon’vivial d’Eric Meylan ne se vend qu’en carton de six (72 fr.), puisque chaque bouteille est différente, numérotée d’un à six. De «Juste pour faire santé», puis «Et voilà la petite sœur», ça continue jusqu’à «Plus je bois… plus je bois…» Le vigneron en avait fait cinq cents, vendus en un jour sur Qoqa le 31 décembre dernier, il a donc remis l’embouteilleuse en route pour ressortir une série. Le concept est bien fait, avec un prospectus dans le carton, des affiches, des bouchons numérotés. «Les gens sont revenus, ils ont fait goûter les copains, c’est très festif, ce genre de vins. Surtout, c’est un projet qui m’a fait plaisir à moi, dans cette période compliquée. Avoir un nouveau truc, c’est bon pour le moral.»
François Grognuz, de laCave des Rois de Villeneuve, a surtout subi le coup d’arrêt de la restauration, son principal marché. Il a commencé par sortir trois vins aux étiquettes affublées de masques, avec des noms aux jeux de mots laids pour cerveaux lents: Chasselas’grippe, Rosés sociaux et Syrah mieux demain. «On a tout de suite très bien vendu ces cuvées, 4000 bouteilles, grâce aussi aux réseaux sociaux (sur un conseil de ma femme). Surtout, les acheteurs étaient tous des privés, soit des fidèles de la cave, soit des nouveaux séduits par la ligne des étiquettes. J’essayais de livrer le lendemain de la commande, les gens étaient surpris que je le fasse en personne. Mais, dès qu’ils avaient la bouteille, ils la mettaient sur les réseaux sociaux.»
À Villeneuve, François Grognuz a relancé ses cuvées Covid. «Mais, avec le nouveau millésime, il fallait changer quelque chose.» Voici donc ces Antidotes, décorées d’une jolie éprouvette stylisée, même si les codes ne sont jamais très loin. Plutôt que le label Terravin, l’étiquette ronde porte un masque noir sur fond doré. Et les noms des vins gardent les jeux de mots de l’an dernier. Par contre l’étiquette indique aussi «Contient des flavanols et des proanthocyanidines, puisqu’une étude américaine affirme que ces deux composants du raisin aident à lutter contre le Covid. Dans les bouteilles de ces cuvées, donc, un chasselas de Chardonne 2020 (14 fr.), un rosé de pinot noir de Villeneuve 2020 (14 fr.) et un assemblage rouge à base de syrah des Evouettes élevé en barriques 2019 (18 fr. 60).
Le même a poursuivi l’aventure avec son Chassel’ice, imaginé pour faire des cocktails avant qu’il ne remporte la dégustation conjointe d’«À Bon Entendeur» et de «Kassensturz», devant des crus plus prestigieux. «Le Chassel’Ice nous sauve la boutique depuis novembre», affirme le vigneron.
À Puidoux, Sébastien Chappuis et Bryan Tettoni avaient également une grosse clientèle gastronomique pour leur cave et leurMagavin, une clientèle qui a fondu comme Covid au soleil. Ils font un premier coup en publiant un faux magazine de santé prétendant que le chasselas était efficace contre le Covid. À part un grincheux, l’expérience a rencontré son public, amenant une nouvelle clientèle, là aussi plus jeune et urbaine, plus sensible à l’humour et à l’étiquette. Les deux cousins ont lancé dans la foulée leur Cha R’donne le moral! Un chasselas et un assemblage rouge qui ont marché du tonnerre. «On a simplement mis une photo sur Facebook, qui a été reprise par plein de monde dans des groupes WhatsApp.»
À Arc-en-Vins, les Chappuis et Bryan Tettoni avaient besoin de se remonter le moral. Après leur faux magazine «Santé» qui vantait le chasselas contrele Covid ou qui affirmait que Lavaux donnait un corps de rêve, leur Cha R’donne le moral! (13 fr. 50) décline deux versions, chasselas et assemblage rouge. «Ça a fait un carton, c’est le cas de le dire. Après le confinement, des restaurateurs sont venus nous demander des 50 cl pour les vendre au verre. Et c’est reparti pour un tour au moment de Noël, où les gens l’offraient en cadeau. Mais, je vous rassure, le vin qu’il y a dedans est vraiment bon», affirme Bryan Tettoni.
La démarche deVincent Graenicher, qui exploite trois domaines entre Mont-sur-Rolle et Tartegnin, est différente. Dès le 1er confinement, il a sorti deux Réserve de Quarantaine, qui étaient davantage destinées à «marquer le coup et à être conservées pour qu’on puisse se rappeler cette période en les dégustant dans quelques années». Le vigneron ne voulait pas jouer sur le jeu de mots ou le gag, craignant qu’on assimile ses vins à des gadgets plutôt qu’à des crus de qualité.
Vincent Graenicher ne rééditera pas l’opération de ses Réserves de Quarantaine. Le chasselas Es Cordelières 2020 (15 fr.) et le rouge 2019 du Domaine de Penloup (20 fr.) se voulaient une mémoire de l’année. Les rouges sont d’ailleurs partis en premier, dans cette volonté de les conserver à la cave pour l’histoire. Par contre, le vigneron a sorti le Vin des Autres, en l’occurrence son 1er Grand Cru de Mont-sur-Rolle 2019 embouteillé avec une étiquette presque toute blanche pour que le donateur de la bouteille puisse y inscrire les vœux qu’il désire au récipiendaire. L’opération a évidemment très bien marché à Noël. 
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