Les vies du vin
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Publié le dimanche 26 juillet 2020
Entre l’arrivée du Beaujolais nouveau et le Salon des Vignerons indépendants qui se tiendra à Paris du 28 novembre au 1er décembre, rencontre entre une orfèvre de la vigne et un pèlerin des terroirs, la viticultrice Valérie Guérin et le caviste Bruno Quenioux
Valérie Guérin cultive ses vignes comme une matière vivante inépuisable. C’est son père, professeur de viticulture et d’œnologie, qui lui a mis le vin aux lèvres, et qui a acheté quelques hectares quand elle était petite. Elle a repris le domaine des Mille vignes il y a dix-neuf ans, et s’en occupe avec un soin tout particulier. Avec une vue panoramique sur la mer, les étangs, la Garrigue et le Canigou, le domaine est situé entre Narbonne et Perpignan et s’étend sur onze hectares divisés en parcelles qu’elle appelle ses “jardins”. Ses bouteilles ont pour nom “Pied des Nymphettes”, “Vendangeurs de la Violette”, “Chasse-Filou”, elle crée des vins d’exception comme la cuvée Atsuko ou la cuvée l’Idyllique réalisée à partir d’un cépage lledoner pelut (alias le grenache velu ou grenache poilu, originaire d’Espagne). Valérie Guérin se dit “jardinière, elle cueille grains de raisins à la main, un à un, et n’utilise pas de bois”. En 2017 elle a obtenu deux étoiles dans le Guide des meilleurs vins de France (l’équivalent du Guide Michelin) et d’excellentes notes dans le guide Parker, et surtout, il y a cinq ans, elle a eu la visite d’un homme un peu particulier, le milliardaire Kermit Lynch, qui a ensuite écrit dans le New York Times : “Il y avait ce carignan blanc dont m’avait parlé le sommelier du restaurant Frenchie, à Paris. Je suis descendu dans ce petit village moche à côté de Narbonne. Je suis rentré dans l’étroit cuvier, il n’y avait ni barrique en chêne, ni cuve en Inox, juste des récipients en plastique. Et je me suis dit : “OK, dans quel état vais-je sortir d’ici ?” Mais au lieu de cela, tout ce que j’ai goûté était au-delà du merveilleux.”
J’ai pris le temps pour rencontrer cette matière. Cette notion de temps est très importante pour moi. Pour ma part, je suis devenue vigneronne à la maturité. Je suis toujours à la recherche du “proche” et du “très mûr”. On est en novembre et je viens seulement de terminer les vendanges que j’ai commencées en septembre, je viens de rentrer mes derniers raisins secs Grenaches ! Je pense être une des rares à faire ça : à prendre le temps d’aller chercher la vraie et belle maturité. C’est la sagesse aussi. Mon père, lui, a pris le temps de créer le Domaine dans les années 80, après avoir enseigné la viticulture, l’œnologie dans la vallée du Rhône. C’est à l’âge de la maturité qui s’est offert le luxe de s’acheter 1000 pieds de vigne…
Bruno Quenioux est un passionné de vin, “noble buveur” plutôt que “dégustateur”. Sa cave, Philovino à Paris, il l’a ouverte après avoir dirigé les caves du Lafayette Gourmet pendant dix-huit ans. Son père était vigneron, il a grandi dans une famille à Cheverny dans la Loire. Il est à l’origine de la reconnaissance des vins bios dans le monde des vins fins, même si aujourd’hui il en dresse un bilan plutôt critique. Dans son livre La Vie mystérieuse du vin qui vient de paraître aux éditions du cherche-midi, il explique sa passion quasi mystique pour le vin qu’il promeut comme produit « naturel » et bien culturel.
J’ai plusieurs pères spirituels, dont mon père qui était un vigneron passionné de vin et l’œnologue Jacques Puiset qu’on entend dans le film “L’âme du vin” et que j’ai la chance de côtoyer assez souvent. Quand il parle de “vins vivants”, il parle de profondeur qui n’existe plus dans notre langage et dans la vie du quotidien. Il parle des profondeurs de l’espace. Il parle des profondeurs du temps. Il parle des profondeurs du silence parce qu’on fait aussi le vin du silence. On parle aussi de la profondeur humaine. Et tout ça, est rassemblé dans les grands vins. Ces vins qui sont faits justement avec une certaine patience et une humilité. D’ailleurs, dans ce même film, Aubert de Villaine, cogérant et propriétaire de la Romanée-Conti, dit cette chose magnifique : “En Bourgogne, nous ne sommes pas propriétaires du terroir. Nous sommes des serviteurs”. C’est vraiment important puisque l’homme est au service de quelque chose qui le dépasse, qui est beaucoup plus grand. Et c’est comme ça qu’on fait les grands vins.
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Rediffusion de l’émission du 24 novembre 2019.
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