Le millésime 2022 remet en question la stratégie de plantation de nombreux vignerons »affirme David Pernet, directeur du service conseil du cabinet Sovivins, basé à Martillac. Alors qu’ils pensaient qu’il n’était pas adapté aux années sèches et chaudes, et qu’ils songeaient à le remplacer par du cabernet sauvignon, ils ont été agréablement surpris par le comportement du merlot.
« Il a donné des baies de qualité sur tous les sols, même les plus séchants. Et des rendements généralement plus élevés que les cabernets » témoigne l’œnologue, pour qui ce millésime permet de revenir sur les schémas trop simplistes entendus à droite et à gauche. « D’autant qu’en 2021, la fraîcheur et l’humidité avait finalement davantage réussi aux cabernets, alors que le merlot avait souvent donné des vins dilués ».
Autre surprise : c’est sur les sols argileux et argilo-calcaire que les degrés sont les plus élevés. « Sur les terroirs de graves, le stress hydrique a limité la photosynthèse, et freiné l’évolution technologique »décrit David Pernet. La maturation polyphénolique n’ayant pas connu de blocage, les vignerons ont rentré des raisins renfermant beaucoup de tanins soyeux.
Au moment des vendanges, les pH du merlot variaient de 3,4 à 3,8. « Les moûts ont très peu perdu en acidité pendant la vinification et ont gardé un bel équilibre. Aromatiquement, les cuves présentant des notes de fruits cuits ou de pruneaux sont très minoritaires. Ce que je goûte est très enthousiasmant ». En 2021, le consultant avait à l’inverse été étonné du faible caractère végétal du cabernet sauvignon.
Les fermentations se déroulent sans heurts. « Malgré la sécheresse et grâce à leur petite taille, les baies affichent de bonnes teneurs en azote assimilable ».
David Pernet se dit dépité par toutes les gesticulations sur l’introduction de nouveaux cépages à Bordeaux. « Les difficultés commerciales du vignoble ne viennent pas de là, et, avec les porte-greffes, les vignerons ont déjà à leur disposition toutes les solutions techniques pour faire face au changement climatique, à condition qu’à des années sèches et chaudes succèdent parfois une année comme 2021 pour permettre à la vigne de refaire ses réserves ».
Selon l’œnologue, changer l’encépagement ne ferait que perturber les consommateurs.


David Pernet profite par ailleurs de ce millésime pour revenir sur la question de l’irrigation. « Elle n’est pas nécessaire. La vigne est une plante résiliente. Favorisons ses capacités d’adaptation plutôt que de la mettre sous perfusion, au risque de ne plus pouvoir revenir en arrière ».
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