Au premier abord quand on voit ça, ça peut sembler bizarre. Mais il ne faut pas rester figé. On a un problème quand on coupe des raisins et que l’on réduit la charge parce qu’il y a un souci d’entassement »explique Olivier Lesur, le directeur technique du château Laroze (grand cru classé de Saint-Émilion). Sur ses parcelles taillées en guyot double, la propriété pratique désormais un pli en longueur pour éviter le croisement des rameaux entre ceps voisins et l’entassement de leurs feuillages respectifs. « La problématique du guyot double médocain est liée à l’allongement normal des bras au fil des années. Au bout de 15 à 20 ans il y a généralement un entassement et un croisement de la végétation entre ceps voisins » explique le maître-tailleur Massimo Giudici (Simonit & Sirch), qui souligne que cette surcharge de feuilles accentue le risque cryptogamique (mildiou, oïdium…), réduit l’efficacité des traitements phytos (entre végétation trop dense se croisant et fenêtres sans végétation au-dessus des troncs), complique les travaux viticoles (pour effeuiller, épamprer…) et pousse à réduire la charge par pieds (à cause du trop grand nombre de bourgeons pour une place limitée).
Plutôt qu’une coupe de rajeunissement (causant de grosses plaies de taille, une dégradation du flux de sève et un risque accru de développement des maladies du bois), Massimo Giudici et Olivier Lesur travaillent depuis 2018 à un changement de conduite : « plier toutes les baguettes dans le même sens. C’est une idée assez simple et basique, très facile à mettre en place : il faut juste choisir la baguette allant dans la bonne direction, pour ne pas plier en sens inverse, mais dans celui voulu »souligne Massimo Giudici, qui précise que cette technique est pratiquée depuis une vingtaine d'années par sa société dans le monde (d'autres châteaux bordelais la testent actuellement). L'expert souligne que ce pliage permet de créer un mur de vignes plus homogène, sans paquets de feuilles. « On revient à une sorte de cordon en long. Les vignes sont étalées dans la continuité d’un courson tout le long » explique le consultant.
Mis en place depuis 2018 sur une première parcelle du château Laroze (de cabernet sauvignon), cette méthode de conduite s’est depuis généralisée à une dizaine d’hectares de la propriété (dont cabernet franc et merlot). « J’étais un peu réticent au départ, comme cela va à l’encontre du pliage à plat pour éviter les arcures dont on parle depuis des années » indique Olivier Lesur, qui aboutit à la solution d’une création de ramification pour permettre un allongement aisé vers le haut : « une petite crosse pour permettre le pliage à contre-sens et éviter l’arcure ». Si le pli "dans le bon sens" de la baguette se fait classiquement, celui de la latte allant "à contre-sens" sur le pied nécessite non seulement la création d’une crosse, mais aussi la mise en place d’un fil installé au-dessus du pied. « Cela évite l’arcure, on se remet à plier à plat »indique le directeur technique, pour qui la technique n’est plus un essai, mais un nouvel outil à part entière. « Attention à ne pas le mettre en place sur des vignes trop jeunes, dont les bras ne sont pas assez longs, ça peut créer un autre entassement » prévient-il.
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Comment donner le bon pli à ses vignes en guyot double pour éviter l’entassement – Vitisphere.com
février 19, 2025 3 Mins Read
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