Une crise de la consommation frappe les vins. Toutes les couleurs sont concernées, y compris les rosés. De 120 litres de vin par personne et par an dans les années 1960, la consommation a chuté à 40 litres aujourd’hui. La catégorie la plus touchée est celle des rouges, autrefois consommés par les seniors pendant les repas, mais qui ne fait plus florès dans toutes les classes d’âge.Â
La déconsommation est une bonne nouvelle sur le plan de la santé publique, puisque l’alcool est un cancérogène avéré. Mais elle est redoutée sur le plan économique dans la mère patrie du vin où la vigne est implantée depuis les Romains et où la filière emploie 500 000 personnes. Actuellement, la surproduction conduit à un arrachage définitif de vignes, notamment en Gironde, et à des distillations en masse. Producteurs et distributeurs s’activent pour se renouveler.
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Stéphane Friez, responsable de la filière vin à Intermarché alerte : « Nous devons nous battre pour que le vin subsiste comme boisson et continuer à faire vivre nos vignerons qui sont aussi nos clients ! ». Pour attirer les jeunes, l’enseigne a réorienté ses 800 références et dynamisé les étiquettes sur le modèle des bières, numéro 1 au rayon alcool (52 % des ventes pour les bières contre 30,6 % pour les vins en grandes et moyennes surfaces, chiffres 2022 Circana publiés par Rayon Boissons).
La nouvelle gamme de vins de cépage cible « des vins faciles à boire, à faible teneur en alcool (10 %) et surtout sans tanins, sans amertume, sans sensation d’alcool », décrit Stéphane Friez.
Des boissons mieux adaptées à l’apéritif puisque ce moment est devenu l’occasion principale de consommer du vin, plutôt qu’au repas. Une tendance confortée par les derniers confinements où se sont surtout vendus des blancs, et du côté des rouges, des bouteilles de beaujolais. Avec leur côté gouleyant, ces cuvées ont le vent en poupe et inspirent même le Bordelais.
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Dans ce contexte, notre sélection s’est intéressée à deux régions réputées pour ses vins rouges et fruités : La Loire et le Beaujolais. Avec deux cépages phares : le cabernet franc et le gamay. Mais sur ces seuls critères, aucune assurance de tomber sur le bon style.
Par exemple, dans la Loire, le cabernet franc change de caractère en fonction des terroirs où il est planté. Il donne des vins souples et fruités sur des terrains de gravier ; il se complexifie sur les coteaux argilo-calcaires et devient plus charpenté sur les plateaux parsemés de galets de silex.
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Le risque, avec les vins rouges, est de rebuter les papilles avec des tanins durs, une amertume prononcée et une sensation d’alcool. Ces dernières années, les producteurs ont adapté leurs méthodes dans le chai comme pour la vigne. « La culture en biodynamie donne des sols vivants, ce qui a tendance à rendre les vins plus frais. La couleur de la robe est plus lumineuse et en même temps, les vins acquièrent une profondeur » [comme notre dégustation l’atteste aussi, NDLR], décrypte Thierry Germain, du domaine des Roches Neuves dont l’échantillon est bien ressorti dans notre dégustation.
« La cuvée que vous avez goûtée assemble des raisins de différents terroirs, vendangés à la main, la vinification est légère avec des remontages doux pour respecter le raisin au maximum ; elle signe l’identité du domaine, c’est-à -dire un style fruité, léger mais avec du fond », poursuit le vigneron, qui considère le cabernet franc comme un grand cépage dont le côté austère dominé par le poivron rouge des années 1990 a disparu au profit d’une gourmandise de fruits rouges et d’épices.
Le style fruité est porté aux nues parce qu’il apporte une facilité d’accès que les primo-accédants au vin recherchent. Ce caractère était jusqu’ici assimilé à des vins simples, à boire jeunes, considérés implicitement comme inférieurs, comparés aux vins de garde, plus complexes donc supérieurs. La recherche du « digeste », assimilé à la facilité à boire, tend à anoblir les vins fruités.
Un style lié aussi aux vins naturels et aux vins sans sulfites ajoutés, deux catégories prisées des jeunes dégustateurs. « Quand nous proposons à nos clients habituels de déguster notre cuvée sans soufre, témoigne Hervé Meunier, directeur du domaine Angelliaume de cinquante hectares à Chinon, nous constatons toujours des réticences quand, d’emblée, elle intéresse les clients jeunes qui viennent entre copains et fréquentent les bars à vins ». Le vocabulaire est important : « Je m’efforce de ne pas parler de vins légers, le terme est mal perçu, mais de vins fruités, fins, élégants ».
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L’emploi du terme « digeste » est apparu avec le mouvement du vin naturel né dans les années 1990 dans le Beaujolais avec le gamay. « Un cépage propice à se passer de soufre, dans la mesure où il se boit jeune », estime le vigneron Didier Desvignes. Ces premiers élaborateurs, dans la lignée de Jules Chauvet, négociant chercheur dans le Beaujolais, ont pointé la tendance des sulfites à durcir le vin quand ils sont ajoutés (le vin en produit naturellement aussi).
Ce sont des allergènes qui, à ce titre, doivent toujours apparaître sur l’étiquette. Les sulfites inhibent l’action d’un composant, le glutathion, dont le foie a besoin pour décomposer l’alcool. Leur absence rendrait ainsi les vins plus digestes. Ce qui expliquerait les témoignages de consommateurs qui s’étonnent d’une absence de maux de tête avec ces cuvées « sans ».
Les vins sans sulfites ajoutés sont des vins sans conservateurs. Pas forcément bio. Pas forcément des vins naturels non plus. Ils sont apparus avec l’obligation d’étiquetage des sulfites et sont devenus une catégorie en soi en plein développement dans la grande distribution, où ils répondent au besoin de produits naturels que les consommateurs imaginent bons pour la santé.
En réalité, ils peuvent être élaborés de manière artisanale (comme la cuvée de Didier Desvignes) sur la base d’une hygiène rigoureuse, d’un choix de vignes en coteaux pour obtenir une acidité protectrice et du cépage gamay qui se boit rapidement. Ils peuvent aussi être pasteurisés pour tuer les micro-organismes, au risque d’affadir le produit, comme pour le lait industriel. Même en bio, la flash pasteurisation est autorisée. Les savoir-faire font toute la différence.
Sur le plan gustatif, c’est une catégorie hétérogène, pas facile à appréhender pour les consommateurs, qui vont trouver, comme dans notre dégustation, de belles cuvées au caractère fruité, d’autres insipides, d’autres encore totalement déviantes. Dans son livre Le vin naturel existe-t-il ? Bon plan ou arnaque ?, aux éditions Libre & Solidaire (2024). Claude Reynaud, un ancien vigneron (Château de Bosc) dénonce l’industrie du vin sans sulfites et propose, pour clarifier les choses, de définir le vin naturel « comme un vin bio certifié, sans sulfites ajoutés et non pasteurisé ».
En attendant, pour les dénicher, seuls les blasons « Vin méthode Nature » et « S.A.I.N.S » (sans aucun intrant ni sulfites) sont à suivre. Ce sont des vins de niche, qui s’achètent chez des cavistes spécialisés ou directement chez le petit producteur, à des prix forts, vu les faibles rendements.
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Nos trente bouteilles ont été achetées dans le commerce au mois de septembre dans les mêmes conditions que n’importe quel client, comme l’exige le protocole d’indépendance de l’Institut national de la consommation. Le millésime 2022, commercialisé courant 2024, n’était pas encore partout livré. Pour les six cuvées « SSA », les résultats sont aléatoires. Deux présentent un défaut d’oxydation, deux divisent le jury, deux donnent pleine satisfaction avec des profils fruités.
Pour le reste de la dégustation, plus de la moitié est bien jugée (au moins 13/20). La Loire et le Beaujolais réalisent quasiment les mêmes performances. Saumur-Champigny et Chiroubles sont les deux appellations les plus appréciées. Les chiroubles confirment leur réputation de vins frais et fins – ce cru du Beaujolais est favorisé, à cet égard, par la position plus élevée en altitude (jusqu’à 600 m) que les autres. La région Loire se démarque par une forte présence de cuvées bio dont la moitié est bien appréciée. La bouteille en biodynamie se place en tête du palmarès. Les meilleurs rapports qualité-prix (autour de 8 €) sont à chercher du côté des bourgueils et des chinons.
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Ingénieur : Xavier Lefebvre
UPS ne m’a pas livré car mon adresse n’a pas été trouvée. Je suis dans l’annuaire depuis 50 ans, sur Google Maps depuis 20 ans, mon nom est écrit en gros sur la boîte aux lettres… et le colis, petit, y entrerait ! Incompréhensible !
