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C’était la foule des grands jours, les 10 et 11 décembre dans les chais et coteaux du Jurançon pour la Route des vins, organisée chaque année par les Vignerons indépendants de l’appellation, qui regroupe une soixantaine de professionnels. Avec 15 000 visiteurs revendiqués, ce rendez-vous annuel bat des records.
Plus jeune, plus festif et innovant, l’événement confirme, au-delà de la fête, la belle dynamique de l’appellation enclenchée il y a une dizaine d’années. À voir les producteurs, amateurs, et désormais professionnels du tourisme réunis là, on peut penser que ce petit vignoble de 1 400 hectares au pied des Pyrénées, qui touche Pau, est déterminé à faire parler de lui.
« Les choses bougent, avec une dynamique enclenchée depuis longtemps et des idées nouvelles », estime Thomas Pissondes, le président du collectif de vignerons indépendants qui représente plus d’un tiers de l’appellation béarnaise. Plusieurs explications à cette petite révolution.
Réputée pour ses moelleux, l’appellation se renouvelle grâce à une génération de vignerons qui met le cap sur le blanc sec. La production n’est pas une nouveauté dans la région, l’AOC a 50 ans, mais elle se développe grâce à l’évolution des techniques de vinification, aux conversions en bio, à l’encépagement de vignes anciennes (Lauzet, camaralet)…
Ce développement est encouragé par un marché dynamique : les blancs secs se vendent de plus en plus. « Dans toutes les appellations, le sec attire de nouveaux marchés et la tendance est à sa production. Le Béarn suit cette tendance avec des surfaces et des volumes de production en progression. Le gros manseng se plante davantage », observe Daniel Vergnes, responsable de la filière viticulture à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. En 2021, les volumes de blancs secs dans l’appellation étaient en hausse de 13 % avec plus de 17 000 hl produits.
Jusque-là éclipsé par le sancerre ou les chablis, le jurançon fait désormais parler de lui. Des initiatives comme la cuvée Costa Blanca, un blanc sec cultivé sur une parcelle très pentue par Jean-Marc Grussaute (domaine Camin Larredya), ne sont pas passées inaperçues : le Béarnais a été désigné vigneron de l’année 2023 par « La Revue du vin de France ».La confirmation d’un long parcours pour l’ancien rugbyman, et la reconnaissance d’une viticulture identitaire, dont il se fait le porte-parole.
Ce potentiel mis en lumière a des retombées concrètes sur l’appellation puisque l’union coopérative gersoise Plaimont (800 adhérents, 5 300 ha) s’est implantée en 2023 dans le vignoble en bénéficiant des outils de vinification de la Confrérie du jurançon.
Et les vignerons béarnais ne vont pas s’arrêter en si bon chemin. Ils veulent innover et surtout expérimenter de nouvelles productions (vin orange, pétillants), comme cela avait été fait par le domaine Montesquiou à Monein.
Autre atout de l’appellation : son moelleux. Les bonnes habitudes résistent aux modes, et la tradition de boire du blanc moelleux se maintient, surtout pendant les fêtes de Noël. Dans un contexte global difficile pour le liquoreux, le sucré a moins bonne presse, le jurançon affichait en 2021 une hausse de sa production de près de 6 % avec un volume qui dépasse les 36 000 hl. Il représente les deux-tiers de la production de l’appellation : c’est le poids lourd du vignoble des coteaux, une valeur sûre.
Plusieurs raisons à cette petite résistance. L’AOC, qui date de 1936, a une notoriété qui dépasse les frontières béarnaises. Elle a aussi ses fidèles : en Béarn, qui ne connaît pas l’apéritif d’Henri IV ? Elle est aussi la gardienne d’un esprit pittoresque, cultivé par son terroir et ses légendes puisqu’on dit qu’il fut le vin préféré de l’un des plus grands rois de France, Henri IV. Enfin, elle aussi évolue puisque les professionnels observent et saluent le travail réalisé sur l’équilibre entre le sucre et l’acidité.
Parmi les bonnes bouteilles à servir pour Noël (1), le jurançon aura donc parfaitement sa place. « Le moelleux reste dans la tradition : on a tendance à ne pas le conseiller en début des repas, mais plutôt à la fin, servi avec des fromages persillés ou des desserts », conseille le caviste palois Patrick Laillet (« Le Chai », 2 000 références de vin). « Le sec peut se marier avec le foie gras ou un poisson. Sec ou moelleux, il y a la place pour les deux à table ! »
(1) Nos conseils pour les fêtes : « Caubeigt » en blanc moelleux 2021, domaine Castéra (23,50 €). « La Part Davant » blanc sec 2022, Domaine Camin Larredya (21 euros).
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Vin : en Béarn, le petit vignoble du Jurançon fait discrètement sa révolution – Sud Ouest
février 19, 2025 3 Mins Read
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