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Au domaine des Mille Vignes, à côté de Narbonne, Valérie Guérin produit des flacons hors normes. Sa dernière cuvée a été réalisée à partir du cépage lledoner pelut.
Ça y est, j’ai fait mon dix-huitième millésime, je suis adulte du vin », annonce Valérie Guérin. Une majorité viticole qui prend des allures de petit miracle. Les cuvées des Mille Vignes, que nul ne connaissait il y a moins de dix ans, en appellation Fitou, pas vraiment l’AOC la plus excitante au monde, ont trouvé leur place sur les tables étoilées. Les prix pratiqués par le domaine sont sans commune mesure avec ceux des voisins. “Nous avions commencé à présenter nos vins aux restaurants locaux, et on m’a dit que j’étais chère.”
Valérie Guérin partit alors prospecter un peu plus loin. Pierre Gagnaire fut séduit : « Il a mis Mille Vignes à la carte de ses restaurants de Tokyo et de Hongkong, puis il a présenté nos cuvées au chef Alain Passard. De jeunes chefs comme David Toutain ou Pierre Sang ont, eux aussi, été emballés. » De belles vitrines pour ces grenaches, carignans, mourvèdres. Le vin plaît aussi aux sommeliers de l’Hôtel Matignon, du Sénat et de l’Élysée et à quelques membres du corps diplomatique. Un vrai décollage de notoriété.
Il y a cinq ans, le destin frappe à la porte de Valérie Guérin en la personne de l’Américain Kermit Lynch, un découvreur de vin, dégustateur et importateur aux États-Unis des plus grands bourgognes et vins méridionaux. “Je ne le connaissais pas. Il est arrivé alors que j’étais en train de faire de la mécanique. Il a goûté, cela a semblé lui plaire. Quelques jours plus tard, j’ai reçu une commande énorme !” Kermit Lynch a raconté sa rencontre avec Valérie Guérin dans un article publié dans le New York Times “ Il y avait ce carignan blanc dont m’avait parlé le sommelier du restaurant Frenchie, à Paris. Je suis descendu dans ce petit village moche à côté de Narbonne. Je suis rentré dans l’étroit cuvier, il n’y avait ni barrique en chêne, ni cuve en Inox, juste des récipients en plastique. Et je me suis dit : “OK, dans quel état vais-je sortir d’ici ?” Mais au lieu de cela, tout ce que j’ai goûté était au-delà du merveilleux. Des endroits de ce type apparaissent partout en France, ce sont des cuviers de poche. C’est excitant.” Après le passage de Lynch, le domaine des Mille Vignes change de dimension.
Avant tout cela, Valérie Guérin a eu une autre vie, elle est passée par Sciences Po Grenoble, a fait carrière dans le transport international. « Dès mes premiers salaires, j’ai acheté des vignes », histoire d’agrandir le jardin-laboratoire créé par son père, Jacques Guérin, professeur de viticulture et d’œnologie à Orange, qui, après avoir formé des générations de vignerons, achète mille pieds de vigne perdus dans la garrigue, dans le sud du Languedoc, à La Palme (Aude), juste entre Narbonne et Perpignan. Nous sommes en 1975. À l’époque, le Languedoc compte surtout des caves coopératives. Lui croit à l’élégance des vins du nord de la vallée du Rhône, a un goût prononcé pour la syrah et les blancs des hermitages. Il plante sa collection de cépages blancs. “ Aujourd’hui, je dispose d’un véritable conservatoire de cépages sudistes, dominé par le carignan blanc, explique Valérie Guérin. Nous avons onze hectares répartis sur treize parcelles. Nous sommes quatre sur le domaine.”
Valérie Guérin aime les expériences. “J’ai même essayé les vinifications en bois, même si je savais que mon père n’y était pas favorable. J’ai vite arrêté car je perdais beaucoup de vivacité. Je suis à la recherche de la tonicité, de la fraîcheur sur mes blancs. D’ailleurs, mes sols n’ont jamais reçu ni potasse ni azote. Cela leur donne une acidité naturelle qui se traduit par une vraie fraîcheur du vin. ” Elle ne s’embarrasse pas de certification bio ou biodynamique mais prend soin de réintroduire les chauves-souris sur le domaine pour éliminer certains insectes nuisibles et recourt aux solutions les plus vertes du moment.
Une de ses dernières idées : l’Idyllique, une cuvée de 1 400 bouteilles de lledoner pelut, alias le grenache velu ou grenache poilu, originaire d’Espagne. La cuvée a tout pour plaire : enjôleuse au nez, avec des arômes de cerise noire en bouche… Un vin complexe, profond, qui sait rester léger, d’une grande buvabilité, et ne fatigue pas. La transformation, après quelques années de cave, devrait être fort séduisante. Elle aimerait aussi entreprendre des vendanges tardives, expérimenter d’autres types de vinification, s’intéresse aux distillations de vin…
À la fois à la vigne et au cuvier, elle vend aussi elle-même ses vins, n’a pas engagé d’agent pour la représenter, continue d’aller à la rencontre de ses clients. Sa petite sœur Agnès, juriste, vient de rejoindre le domaine. Son père, 80 ans, homme vaillant, prodigue ses conseils avisés. Le monde entier connaît ses vins, qu’elle bichonne et chérit comme s’il s’agissait de ses enfants. Une histoire de famille.
Valérie Guérin, le goût du détail
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