errière l’atlas agro-climatique d’Interloire, il y a deux équipes de recherche : celle de Terra Clima (Hervé Quénol et Cyril Bonnefoy) au CNRS de Rennes, et Etienne Neethling, de l’ESA d’Angers. Lancée en 2021 à l’initiative de l’interprofession, la mise en place de cet outil s’est déroulée en quatre étapes.
« D’abord, une collecte des données climatiques disponibles sur le portail DRIAS », explique Raphaël Suire, chargé de mission climat d’Interloire. Ont été retenus le modèle de Météo France CNRM, et celui de l’institut Pierre-Simon Laplace qui s’appelle IPSL. « Les données concernent les températures moyennes et les précipitations », souligne Raphaël Suire.
Les chercheurs ont également travaillé avec les différents scenarios du GIEC, appelés dans le jargon « RCP ». Ils ont retenu deux scénarios, le RCP 4.5, qui correspond à un réchauffement « modéré » de 2,5°C à l’horizon 2100 – corrélé à une mise en place de mesures d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre dès aujourd’hui ; et le scénario RCP 8.5, celui d’un « emballement » et d’un réchauffement à 4,5°C à l’horizon 2100. Il faut y ajouter une troisième période « de référence », de 1986-2005. « En gros, ils ont récupéré pour chaque carré de 8 km sur 8 km du val de Loire une donnée température et une donnée précipitation jusqu’en 2100 », explique le chargé de mission.
Deuxième étape : calculer « tout un pool d’indicateurs climatiques », des données concrètes, comme le nombre de jour où la température dépasse 35°C, ou le nombre de gels… Ces indicateurs ont ensuite été croisés avec leur impact sur plusieurs cépages présents en Loire (cabernet franc, chardonnay, chenin, côt, gamay, grolleau, syrah, cabernet sauvignon et sauvignon). « Ça permet d’évaluer la perturbation des stades phénologiques, le décalage de la date de débourrement, de maturité, etc. » Un exemple : dans le pire scenario, un décalage de cinq semaines est prévu sur les maturité du chenin en 2100, soit une vendange à prévoir fin août.


L’équipe a finalement affiné l’échelle de résolution, jusqu’au kilomètre pour les températures, avant de comparer le tout avec des données observées (et non simulées) à titre de vérification.
Aujourd’hui disponible librement, le résultat est une carte interactive très facile d’utilisation. Des améliorations de cette V1 sont d’ores et déjà envisagées, notamment l’arrivée de données sur d’autres cépages (le melon de B. notamment). L’outil, déjà récompensé d’une médaille de bronze par le SIVAL 2023, dans la catégorie Innovation, intéressera les techniciens et chercheurs du monde viticole. « Mais on espère aussi susciter une prise de conscience chez les vignerons, souligne Raphaël Suire. En Val de Loire, on sous-estime encore souvent l’impact du changement climatique sur le vignoble. Certains imaginent qu’il est plutôt bénéfique. J’aimerais bien qu’ils se disent ‘Si on ne fait rien aujourd’hui, on va se retrouver dans le pire scénario et la viticulture de Loire ne sera plus du tout la même, si elle existe encore’. »
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