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Nous sommes un soir de semaine dans une cave parisienne. Jérémie, la trentaine, est à la recherche d’une bouteille de vin. « C’est pour une amie enceinte », précise-t-il à la caviste. Loin d’être choquée, Sarah Missaoui lui sort un Bordeaux 100 % Sauvignon blanc. Car ici, chez Déjà Bu ?, tous les liquides sont sans alcool. Et si bières, gin ou spritz ont leur version sobre, ce sont bien les vins désalcoolisés qui sont les plus vendus. Le Cactus de Barnabé à Strasbourg, La Cave parallèle à Nantes, Karsk Spirits à Lyon… Une vingtaine de caves sans alcool existent un peu partout en France.
« On dirait vraiment du blanc », s’étonne Jérémie. « Les clients recherchent ce qui se rapproche le plus du goût original, c’est leur priorité », confirme la patronne. Le trentenaire repart donc avec sa bouteille, heureux de savoir que « demain, ça ne fera pas mal au crâne ». Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les vins sans alcool. Selon une récente enquête CSA (*), 25 % des Français en ont déjà goûté et 13 % en consomment au moins une fois par an. Parmi eux, une majorité de jeunes (55 % ont moins de 35 ans) et de femmes (58 %).
Un profil que retrouve Sarah Missaoui dans sa boutique, dont les clientes et clients poussent la porte « à l’occasion d’une grossesse ou dans une démarche de santé ». Le vin désalcoolisé est en moyenne trois fois moins calorique qu’un vin classique. « Une cliente a perdu 17 kg en un an. Elle m’a dit que l’absence d’alcool lui donnait moins envie de manger qu’avec du vin classique. » Parmi les consommateurs, on retrouve également « des sportifs qui préparent un marathon. J’ai aussi eu des parents qui voulaient offrir une bouteille sans alcool à leur fils car ils trouvaient qu’il buvait trop. Il y a des histoires familiales derrière… », témoigne la caviste.
Avec environ 10 millions de bouteilles vendues par an, le sans alcool représente moins de 1 % des ventes de vin en France. Mais le cabinet américain Fact. MR prévoit que la demande mondiale de vins non alcoolisés devrait augmenter de 10 % par an jusqu’en 2033 et atteindre 5,2 milliards de dollars. Un engouement synonyme d’opportunité économique, même pour des acteurs traditionnels du vin, réputés conservateurs.
“Sans alcool”, “désalcoolisé”… De quoi parle-t-on ?
Quand on parle de vin “sans alcool”, on parle en réalité de vin “désalcoolisé”, qui est la mention légale affichable sur l’étiquette. Ils sont produits comme des vins classiques, avec un processus de fermentation alcoolique, avant d’être désalcoolisés par distillation juste avant la mise en bouteille. Un vin “sans alcool” est donc une boisson qui a été du vin et qui n’en est plus.
Malgré son nom, le vin sans alcool peut en contenir en toute petite quantité : jusqu’à 0,5 %. Entre 0,5 et 8,5 %, on parle de vins “partiellement désalcoolisés”. Enfin, au-dessus de 8,5 % d’alcool, ce sont des vins classiques. L’ajout d’eau ou d’arômes exogènes est strictement interdit dans les vins désalcoolisés. Il existe d’autres produits qui imitent le vin, mais sans fermentation alcoolique, avec des additifs (arômes, acidifiants…). On parle alors de “boisson issue de raisin”.
Le prix moyen d’une bouteille de vin sans alcool tourne autour de 10 euros. La fourchette de prix est beaucoup moins large que pour les vins classiques. On peut trouver des bouteilles à moins de cinq euros en grandes surfaces quand les plus chères atteignent la trentaine d’euros.
Installée dans le Bordelais, la vigneronne Coralie de Boüard s’est lancée dans le vin désalcoolisé en 2019 « à la demande des propriétaires qataris du PSG » qui cherchaient du vin sans alcool pour les loges du stade du club de foot parisien. Les premières bouteilles sortent de ses caves deux ans plus tard, en 2021. « Je pensais que ce ne serait qu’un “one shot”, mais face à la demande j’ai continué », étendant sa clientèle à des bars, restaurants, casinos ou des boutiques spécialisées dans le sans alcool. Et l’évolution est impressionnante : le sans alcool représente aujourd’hui un tiers de la production de ses 30 hectares de vignes, passant en trois ans de 5 000 à 80 000 bouteilles.
« Le vin sans alcool me sauve économiquement », observe-t-elle. Les débuts n’ont pourtant pas été faciles pour Coralie de Boüard, qui compte parmi ses vins classiques un 1er grand cru classé à Saint-Émilion. « Tout le monde n’était pas ravi dans le milieu. Certains acheteurs venaient goûter pour se moquer. C’était compliqué », confie-t-elle. Des difficultés accrues pour la vigneronne dans un monde viticole très masculin. « Mais maintenant ça va vieux », se réjouit-elle. « De toute façon, il faut s’adapter à la nouvelle génération, qui boit moins. » C’est un fait, en 60 ans, la consommation de vin en France a chuté de 70 % : de 120 litres par an et par habitant en 1960, nous sommes passés à moins de 40 litres annuels, selon l’Insee.
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Parmi ces Français qui ont réduit leur consommation, Albane, 48 ans, est une buveuse régulière de vins sans alcool depuis un an. « J’ai été bluffée par le goût, très proche du vin traditionnel, surtout sur le blanc, alors que je trouve les cocktails sans alcool souvent trop sucrés. Et puis, on se sent mieux le lendemain ! », sourit-elle. Une découverte qui ne l’a pas rendue abstinente pour autant, comme la grande majorité des consommateurs de sans alcool : ils sont 85 % à boire du vin classique par ailleurs. « Beaucoup boivent du désalcoolisé la semaine et se “lâchent” sur l’alcool le week-end », rapporte Coralie du Boüard.
Malgré le succès, des voix s’élèvent pour pointer certains risques charriés par les vins sans alcool. Notamment le fait que la plupart contiennent une dose, certes infime, d’alcool (0,3 % en moyenne). « Il faut être vigilant et bien lire l’étiquette si on ne veut pas boire d’alcool du tout, les femmes enceintes, par exemple. Car il n’y a pas d’effet seuil par rapport à l’alcool », prévient Hervé Martini, addictologue et secrétaire général à l’association Addictions France.
Dans un projet de loi du 3 décembre dernier, plus de 100 députés de gauche et du centre proposent l’interdiction de la publicité sur les réseaux sociaux pour les boissons alcoolisées et leur version sans alcool. « Dans de nombreux cas, les boissons sans alcool reprennent les codes graphiques des marques d’alcools connues », ce qui pourrait « faciliter un passage à la consommation de boissons alcooliques », écrivent les députés.
Un projet qui concerne les vins sans alcool, vendus dans les mêmes bouteilles et affichant des étiquettes identiques à celles des vins classiques. « C’est une question d’éducation », balaye la vigneronne Coralie de Boüard, qui estime qu’« il n’y a pas de sujet » sur les vins sans alcool, car ces derniers visent une clientèle plus âgée et déjà consommatrice d’alcool, contrairement aux bières sans alcool, destinées à un public jeune. Pour le Dr Hervé Martini, cela peut « normaliser un comportement de consommation du vin chez les jeunes, comme le Champomy ou les cigarettes en chocolat ».
(*) Enquête CSA pour la Maison Chavin, réalisée en octobre 2024 sur un échantillon représentatif 1 008 Français âgés de 18 ans et plus.
« On se sent mieux le lendemain » : les vins sans alcool deviennent tendance – Le Dauphiné Libéré
février 19, 2025 6 Mins Read
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