a vigne est aussi sensible à la sécheresse que la tomate. « En moyenne, des bulles d’air apparaissent dans ses vaisseaux conducteurs de sève et les empêchent de transporter l’eau lorsque le potentiel hydrique du xylème descend sous la barre des -2,5 MPa ».
Et toutes les variétés ne sont pas égales face à ce phénomène de cavitation. Les résistantes aux maladies sont les plus sensibles à la sécheresse. « Nous avons passé une trentaine de cépages francs de pied au mega-cavitron. Avec un P50 de -1,8 MPa, représentant le potentiel hydrique induisant 50% de perte de conductance hydraulique, le floréal est le plus sensible, suivi par le vidoc et le voltis. L’artaban s’en sort mieux » pose Sylvain Delzon, lors de la dernière conférence des « Vendanges du Savoir » à la Cité du vin de Bordeaux ce 8 décembre.
Spécialiste de l’écophysiologie à l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), il indique à l’assemblée que 50 jours sans aucune eau suffiraient à tuer le floréal contre 150 pour le pinot noir et son P50 à -3,5 MPa. Le merlot, le cabernet sauvignon et le sylvaner sont également bien tolérants.
« Nous avons démontré que la vigne n’est pas capable de réparer l’embolie et la dessication de ses organes »assure Sylvain Delzon. Elle agit en prévention en fermant ses stomates dès -1 MPa de potentiel hydrique pour moins transpirer.
Cet été, lors de la canicule en Gironde, les scientifiques ont vu les potentiels hydriques tombés à -6MPa chez plusieurs essences d’arbres. « En 20 ans à Saint-Emilion et dans la Napa Valley, nous n’avons pas enregistré de valeurs inférieures à -2 MPa pour la vigne. Une fois ses stomates fermés, elle arrive à réguler le stress hydrique en faisant caviter ses pétioles et tomber ses feuilles en premier. Cela limite la transpiration et protège la tige et ses organes pérennes »poursuit le conférencier, précisant que la vigne est de plus en plus résistante à l’embolie au fur et à mesure de l’avancée de la saison du fait de la lignification de ses vaisseaux. « Un phénomène jamais observé sur d’autres espèces ».
Si Sylvain Delzon n’a pas vu de cas de mortalité purement liés à la sécheresse ces 20 dernières années à Saint-Emilion ou à Napa, il a constaté avec ses collègues jusqu’à 12% de cavitation dans la tige des vignes, avec un impact sur leur croissance et leur rendement.
Le chercheur a étudié le risque de dysfonctionnement hydraulique lors de sécheresses dans 329 vignobles à travers le monde. « Le vignoble de Cognac avec ses 85% d’ugni blanc ou celui de Marlborough avec ses 78% de sauvignon ont tout à craindre du changement climatique » prévient-il.
Sylvain Delzon est actuellement en train de télécharger les données de détection spatiale de toutes les teneurs en eau dans le premier mètre des sols pour estimer leur potentiel hydrique et déterminer s’ils sont proches des seuils de rupture de chaque cépage. « L’idée est de voir si les cumuls de précipitations compensent la vulnérabilité des cépages. C’est surement le cas en Nouvelle-Zélande pour le sauvignon au faible seuil de cavitation ».
Pour affiner ses prédictions de survie des cépages, Sylvain Delson va également travailler sur leur transpiration cuticulaire.
A côté du mildiou, de l’oïdium, ou du black-rot, il encourage ses confrères à intégrer des traits de résistance hydraulique aux programmes d’amélioration génétique. « On peut tout à fait croiser les cépages pour les rendre plus tolérants à la sécheresse».
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Le pinot noir est le cépage le plus résistant à la sécheresse, le floreal le plus sensible – Vitisphere.com
février 19, 2025 3 Mins Read
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