eaucoup d’espoirs, autant d’inquiétudes : la Bourgogne entame la dernière ligne droite avant vendanges dans un état d’esprit mitigé. Côté positif, on observe d’impressionnantes quantités de raisin à la parcelle. Il n’est pas rare d’observer 10 à 15 grappes, de bonne taille, par pied. « C’est du jamais vu ces dernières années », remarque Benoît Bazerolle, de la chambre d’agriculture de Côte d’Or, qui précise que « le phénomène est encore plus impressionnant sur pinot noir que sur chardonnay, où il y a eu un peu de coulure ». Pour le conseiller technique, « on peut attribuer cette charge aux excellentes conditions d’initiation florale lors de l’automne 2022, associées à une très bonne floraison, dans un contexte chaud et sec, en mai 2023 ». Même constat dans le reste de la région, du Mâconnais au Chablisien en passant par la Côte chalonnaise.
Une excellente nouvelle pour un vignoble dont les stocks ont fortement chuté ces dernières années. Mais l’euphorie s’arrête là. En premier lieu car l’abondance est à double tranchant. En Côte d’Or, « beaucoup de vignerons ont effectué des vendanges en vert cette année, ou s’apprêtent à le faire. Pour notre part nous le conseillons, au moins de manière localisée, sur les pieds les plus chargés. Sinon le risque est de voir des maturités non abouties, et des vendanges plus tardives, avec les risques que cela comporte », témoigne Benoît Bazerolle. À Chablis aussi la question se pose. « Nous avons allégé les parcelles les plus jeunes, afin de ne pas les épuiser », indique Amélie Tupinier, responsable développement durable au domaine Laroche. « Mais nous n’avons pas touché aux autres : avec la pression mildiou et oïdium actuelle, c’est trop risqué ».
Voilà l’autre point qui inquiète aujourd’hui la Bourgogne : la pression sanitaire. Pour Amélie Tupinier, « toutes les conditions étaient réunies pour favoriser les maladies cette année à Chablis : fortes chaleurs, beaucoup de vent, et averses orageuses». Idem en Mâconnais, où Jérôme Chevalier remarque « une forte sensibilité à l’oïdium comme au mildiou ». En Côte d’Or, c’est en particulier l’oïdium qu’on scrute de près. « Cette année, il est particulièrement important en fréquence, notamment sur chardonnay ; et son intensité, jusqu’ici contenue, pourrait progresser », regrette Benoît Bazerolle, qui conseille « une observation parcelle par parcelle, afin de cibler les traitements ».
Enfin, comme partout, on n’exclut ni le risque de sécheresse, ni celui de grêle. Cette dernière a déjà frappé durement certains villages de Côte de Beaune, Côte Chalonnaise et Mâconnais dans la nuit du 11 au 12 juillet, puis dans l’après-midi du 15 juillet.
Alors que stade de fermeture de la grappe est atteint à peu près partout, le top départ devrait être donné avec les crémants du Mâconnais, «mi-août pour les plus précoces», prévoit Jérôme Chevalier. Dans le Chablisien, les vins de base devrait être rentrés « à partir des 3e et 4e semaine d’août », estime Paul Espitalié, président de la commission Chablis du BIVB. Côté vins tranquilles, Jérôme Chevalier prévoit un commencement « tout début septembre » en Mâconnais. Suivront, en principe, la Côte Chalonnaise puis la Côte d’Or « dès les première et deuxième semaines de septembre » selon Benoît Bazerolle. Enfin, le septentrional Chablisien se tiendrait prêt pour « mi-septembre », envisage Amélie Tupinier.
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