C'est un casus belli entre François-Régis Gaudry et les Suisses, enfin surtout les Fribourgeois. Le Français amateur de bonne chère, présentateur de l'émission culinaire «On va déguster» sur France Inter, a publié vendredi 1er décembre sur son compte Instagram une vidéo de fondue ratée (8700 likes) qui a semble-t-il généré un certain engagement du côté de Fribourg.
Les choses étaient pourtant parties sous les meilleurs auspices: François-Régis avait déclaré d'emblée sa préférence pour la fondue suisse au détriment de la Savoyarde. «Je penche quand même pour la fondue helvète, c'est une fondue de compète», confie-t-il avant d'aller acheter du gruyère et du vacherin fribourgeois pour se préparer une fondue moitié-moitié. À ce stade, tout va bien, alors où est le sacrilège?
Le crime de lèse-fromage commence lors de la préparation. François-Régis Gaudry allume un feu assez vif, avant de verser un verre de vin blanc et de faire fondre ses fromages dedans, poignée après poignée. Le résultat est un gloubi-boulga diphasique, une fondue liquide dessus, solide dessous, avec plein d'ignobles grumeaux. Même pour moi qui n'en mange jamais, je trouve qu'elle a une sale tête, sa fondue, et qu'elle ne ressemble en rien à celles dont se repaissent régulièrement mes collègues.
Même des Français s'interrogent sur le résultat. «Je suis pas suisse, mais ça se voit qu'elle est loupée, non?», s'interroge l'un de nos voisins. Sans surprise, l'algorithme a montré ce chef-d'œuvre aux internautes suisses. Et les réponses de ce côté de la frontière ne laissent que peu de doute. «C'est pas de la fondue», «On frôle là l’incident diplomatique», «Les Suisses en sueur», «Mon dieu la fondue qui tranche», «J’appelle les flics ! Un massacre». Les émojis horrifié, fondue et drapeau suisse apparaissent à chaque message ou presque, souvent en plusieurs exemplaires, ce qui suggère que la colère a atteint là son paroxysme.
Pour avoir le fin mot de cette histoire, j'ai montré la vidéo à notre collègue Tiffany Terreaux, Fribourgeoise et donc la seule membre de la rédaction habilitée à trancher sur cette fondue tranchée. «Y'a rien qui va, moi je bouffe pas ça», prévient-elle immédiatement en commençant à hyperventiler.
Après l'avoir rassurée quant au fait que nul ne devrait manger quoi que ce soit, elle a accepté de préciser le fond de sa pensée. «C'est pas du tout comme ça qu'on fait: son feu est bien trop fort», explique-t-elle. Comme je le soupçonnais, le feu «moyen» allumé par François-Régis Gaudry semble bien trop puissant pour faire fondre le fromage tout doucement. Or une chaleur trop intense comme celle-ci est un facteur bien connu pour séparer les phases solide et liquide du fromage.
Et puis, continue Tiffany, «il faut mettre le vin après le fromage. Le vin permet d'ajuster la consistance de la fondue, il faut le mettre après car il est toujours plus facile d'allonger une fondue que l'inverse. Sa fondue est ratée, il n'y a rien à sauver», assène-t-elle.
Plusieurs internautes conseillent d'ajouter un peu de maïzena, mais à ce stade, la manœuvre était de toute façon désespérée, coupe Tiffany. Parmi tous les Fribourgeois en PLS, une internaute écrit: «c’est pas une fondue ça, c’est une soupe de gras et un gâchis de fromage!». Il va déguster, le François-Régis. Et celle-ci d'ajouter: «Pourtant je vous aime toujours, François». Pas de quoi en faire un fromage!
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