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Un garanoir de La Côte est devenu une boisson officielle pour les réceptions du gouvernement en 2025. Rien de blasphématoire, assure Valérie Dittli.
C’est la nouvelle insolite de la semaine. Pour la toute première fois, le gouvernement vaudois a sélectionné un «vin rouge d’honneur» pour ses réceptions officielles. Il sera servi aux hôtes du Conseil d’État l’an prochain, aux côtés de la traditionnelle réserve de chasselas (Clos Maijoz de la Ville d’Aigle) et de gruyère AOP (fromagerie de Grandcour).
Le choix s’est porté sur un garanoir élevé en barrique du Château Le Rosey à Bursins, millésime 2022. Afin de marquer cette «grande nouveauté», la cérémonie de remise des prix (et de dégustation) des nouveaux élixirs officiels s’est justement tenue ce jeudi chez l’heureux producteur, Pierre Bouvier.
Pour vous faire une idée du nouveau nectar de la table du Conseil d’État, l’analyse d’Olivier Viret, responsable du secteur viticulture et cultures spéciales de l’État de Vaud: «La première impression en bouche est soyeuse avec des tannins tendres et enrobés qui sont parfaitement mariés à une fine note du boisé de l’élevage en barrique qui lui confère charpente et structure.»
Trêve d’œnologie. Quel message politique se cache derrière cette sélection inédite? Blasphème dans la patrie du coup de blanc? En remplissant la moitié des verres avec du vin rouge à l’heure de l’apéro, le gouvernement ne risque-t-il pas de diluer la puissance patrimoniale du chasselas?
À ces interrogations volontairement exagérées, Valérie Dittli, ministre de l’Agriculture et de la viticulture qui a remis les diplômes aux producteurs primés ce jeudi, répond avec enthousiasme: «Ce n’est absolument pas un choix qui vise à dévaloriser notre excellent chasselas! En célébrant les cépages rouges à ses côtés, nous voulons envoyer un signal positif aux vignerons. Tradition et innovation ne s’opposent pas, mais peuvent avancer main dans la main!»
La conseillère d’État relève les «nombreux défis» que traverse l’industrie viticole de nos jours. «Changement climatique, évolution du goût des consommateurs, manque de relève… Les vignerons doivent redoubler d’inventivité pour assurer l’avenir.» Avec l’adoubement de ce garanoir, le gouvernement veut donc encourager l’audace, peut-être nécessaire à la survie de la branche.
Valérie Dittli prend l’exemple des habitudes de consommation des jeunes trentenaires dont elle fait partie: «Beaucoup de mes proches préfèrent les vins pétillants aux vins blancs secs.» Qu’à cela ne tienne, nos caves regorgent de talent! À la place d’acheter le premier prosecco italien, ils seront ravis désormais de savourer de la bulle vaudoise.
«De nombreux vignerons ont diversifié leur production avec d’excellents résultats! En sélectionnant un vin rouge d’honneur, c’est en tout cas le message stimulant que le Conseil d’État souhaite envoyer à tous ceux et toutes celles qui travaillent notre belle vigne.»
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